TABLE RONDE AVEC LE CL19 "Cercles et amitiés littéraires" | Mardi 10 Septembre 2019
Le mardi 10 septembre 2019, au musée de la vie romantique à Paris, la Société des amis de Custine, représentée par Samantha Caretti, a participé à la table ronde "Cercle et amitiés littéraires", en compagnie de la Société des Etudes Marceline Desbordes-Valmore, représentée par Christine Planté, et des Amis de Charles Nodier, représentée par Caroline Raulet-Marcel. Le public était composé d'une vingtaine de personnes enthousiastes et intéressées.
Mathilde Labbé du bureau du CL19 (Comité de liaison des Associations Dix-Neuviémistes) a animé cette table ronde et proposé d'envisager plusieurs perspectives :
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Traces et témoignages rendant compte de la vie des salons et cénacles. Pour Dephine et Astolphe de Custine, une mosaïque de documents nous permet de restituer ces souvenirs : correspondance, mémoires littéraires, fictions, articles de journaux rédigés par Sophie Gay ou Delphine de Girardin, iconographie (les dessins de Delphine de Custine notamment).
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L'inscription des auteurs évoqués dans une représentation du cercle littéraire : salon ou cénacle. Chez Astolphe de Custine, on observe une synthèse de ces deux réalités : il hérite de la tradition aristocratique du salon littéraire par sa mère mais cherche aussi à promouvoir une nouvelle forme de sociabilité artistique et littéraire composée d'une société choisie, de toutes les hautes intelligences de quelque origine sociale ou politique soient-elles. Astolphe de Custine n'en est pas moins désenchanté, lui qui voue un culte à l'amitié, par la réalité des amitiés littéraires dont il rend compte dans un texte écrit en 1831 pour Paris ou le Livre des Cent-et-un.
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Le rôle des hommes et des femmes comme créateurs de cénacles. Delphine de Custine se situe dans la tradition des hôtesses et, comme Juliette Récamier en son Abbaye-aux-bois, fonde un salon autour duquel toutes les attentions sont tournées vers Chateaubriand. Astolphe de Custine, pour sa part, adopte la posture d'un homme généreux par ses repas dignes des personnages rabelaisiens, discret et habile à mettre en lumière pareillement chacune des personnalités de son salon, quitte à rester en retrait.
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L'opposition entre les cercles provinciaux et les cercles parisiens. La province, parce qu'elle est, par définition, éloignée de Paris, invite aux plus longs séjours, et propose donc un allongement du temps permettant de laisser place à d'autres divertissements que ceux pratiqués à Paris : préparation de pièces de théâtre, promenades, etc. Elle permet également une plus grande intimité entre les convives qui sont souvent les mêmes qu'à Paris : c'est notamment le cas dans le domaine de Saint-Gratien d'Astolphe de Custine, qui n'est pas trop éloigné de Paris, mais moins le cas au château de Fervaques du temps de Delphine de Custine où l'on va retrouver des fidèles mais aussi des figures locales, souvent plus modestes, relevant du voisinage. Chez les Custine, il y a une complémentarité Province-Paris et ce, de mère en fils : Saint-Gratien devient ainsi, selon les mots de Juliette Récamier, le "nouveau Fervaques" d'Astolphe de Custine.
Les questions de l'auditoire ont porté sur la présence de Chopin dans le salon d'Astolphe de Custine, le déroulement général d'une soirée dans ces cercles littéraires et le détail des divertissements pratiqués. Enfin, la difficulté de rassembler des sources autres que textuelles a été relevée dans le cadre de l'exposition proposée par le Musée de la vie romantique. Les représentations picturales restent en effet peu nombreuses. La possibilité de convoquer les sources auditives a été évoquée à propos des romances chantées au cours des réceptions.